Yeaterday 2007-2008

Les dessins réalisés en année 2007/2008 évoquent des photographies en noir et blanc agrandies, qui auraient presque complètement pâli. Dans son travail d'une grande minutie, l'artiste appose des traits courts les uns à côté des autres en alternant des zones sombres qu'elle remplit complètement et des surfaces claires qu'elle laisse vides. La répétition quasi sans fin du mouvement de la main n'a pourtant pas un caractère méditatif, comme on pourrait le supposer de prime abord, mais reflète le tracé sismographique d'un soupçon de souvenir : „ Vivre trait pour trait le souvenir“, selon les termes de l'artiste pour décrire cette technique qui exige beaucoup de temps.

A la base, l'artiste se sert de photographies d'une époque où elle vivait encore en Chine, avant de venir s'établir en Suisse en 1987. Ses parents assis à table, avec sa mère qui tricote, l'artiste avec sa soeur, toute sa classe d’école, des groupes en plein air, des amis ainsi que des lieux divers et des chemins de voyage sont autant de sujets auxquels elle se réfère. D'œuvre en œuvre, le cadrage change : il s'agit tantôt de photos prises de loin, tantôt de gros plans. A une exception près, les yeux sont chaque fois à peine perceptibles. Le regard des protagonistes se dissout presque entièrement dans un vide blanc – le passé l'a fait pâlir, comme bien d'autres détails. En tant que spectateur, c'est comme si l'on tentait vainement de se souvenir d'un visage familier que l'on a plus revu depuis longtemps. Evénements et personnages ne constituent qu'une ombre légère du souvenir, délicatement capté sur papier.

The drawings evoke black and white photographs enlarged, which would have almost completely faded. In her meticulous work, the artist places short lines next to each other alternating dark areas that she fills completely and clear surfaces that she leaves empty. The almost endless repetition of the movement of the hand does not have a meditative character, as one might suppose at first glance, but reflects the seismographic trace of a hint of memory: "To live trait for trait the memory", according to the words of the artist to describe this technique that requires a lot of time.

At the base, the artist uses photographs of a time when she still lived in China, before coming to settle in Switzerland in 1987. Her parents sitting at the table, with her mother who knits, the artist with her Sister, her whole class of school, outdoor groups, friends as well as various places and ways of travel are all subjects to which she refers. Work in progress, the frame changes: it is sometimes photographs taken from far, sometimes close-ups. With one exception, the eyes are barely perceptible. The protagonists' gaze dissolves almost entirely in a white void - the past has made it pale, like many other details. As a spectator, it is as if one tried in vain to remember a familiar face that has not been seen for a long time. Events and characters are only a slight shadow of memory, delicately captured on paper.